Le voyage d'ulysse
I. Un voyage en mer
¨ Le retour à Ithaque se fait par la voie des mers, par les « routes humides » (v.252, chant IX). Homère poétise le motif marin en jouant sur ses variations: la mère est tantôt calme, tantôt déchaînée; elle change de couleur, « mer grise », « mer de couleur violette » ou « mer vineuse », elle est habitée, c’est une « mer poissonneuse » mais c’est surtout le domaine sur lequel règne Poséidon. D’un point de vue pratique, la mer permet de relier les hommes entre eux, elle favorise ainsi les échanges commerciaux mais aussi culturels. Ulysse apporte ainsi aux Phéaciens et à leurs aèdes, Demodocos, une nouvelle histoire, un nouveau mythe et repart à Ithaque avec des vêtements, de « l’or ouvragé », autant de témoignage d’un savoir-faire local. Les terres de L’Odyssée sont elles aussi indissociables de la mer puisque ce sont pour la plupart des îles: chez le Cyclope; Eole, Circé, le Soleil, Calypso jusqu’à Ithaque. ¨ Dans un monde à ce point dominé par l’élément marin, on comprend l’importance des bateaux et de la navigation. Au chant V, Homère consacre ainsi plusieurs vers à la construction du bateau d’Ulysse: le champs lexical est dense, précis et Ulysse, à peine aidé de Calypso, se révèle un impressionnant maître d’œuvre puisqu’au bout de quatre jours, tout est fini. Ce passage préfigure l’épisode chez les Phéaciens, que Nausicaa présente d’emblée à Ulysse comme des marins passionnés. Ils sont d’ailleurs si doués que Poséidon lui-même en est jaloux. Aussi les figura-t-il à jamais dans leur posture de marin, le bateau ayant ramené Ulysse à Ithaque sera métamorphosé en rocher au chant XIII. L’art des Phéaciens est tel que, si on l’en croit Alcinoos, leurs navires n’ont pas de pilotes, devinant les volontés des hommes, et se déplacent à l’abri des regards enveloppés d’un brouillard. A cette navigation magique s’oppose celle d’Ulysse qui consulte les étoiles (v. 270-275, chant V). ¨ Paradoxe de L’Odyssée, Ulysse est un