Le depassement de soi dans le sport de haut niveau
DÉPASSEMENT DE SOI DANS LE SPORT DE HAUT NIVEAU Isabelle Queval
De Boeck Supérieur | « Movement & Sport Sciences »
2004/2 no 52 | pages 45 à 82 ISSN 1378-1863
ISBN 2804144909
DOI 10.3917/sm.052.0045
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Libéré des réticences anciennes à l’égard de la destinée humaine, le progrès devient un leitmotiv.
Dès lors, la pensée du corps emboîte le pas à cette embellie intellec- tuelle et technicienne. Aux XVIe-XVIIe siècles, la naissance de l’individu s’assortit d’une attention soutenue aux apparences sociales du corps, à sa rectitude, sans que les exercices physiques proposés n’excèdent beau- coup le champ de l’impératif médical, de la récréation pédagogique ou du divertissement mondain. Il n’en reste pas moins que, si la prévention des excès est encore de mise, la peur des maladies et de la difformité physique, néanmoins l’appropriation par l’homme des finalités de l’exercice physique s’affermit, anticipant les ambitions futures …afficher plus de contenu…
Le XIXe siècle, qui voit à la fois l’essor des gymnastiques et celui du sport au sens strict, c’est-à-dire moderne, participe alors de plusieurs élans. La quantification des activités humaines, parfois pour parvenir à définir un idéal de l’homme-moyenne comme chez Quetelet, repose en réalité sur la fascination pour l’établissement de normes. Il faut définir l’homme « normal », au physique comme au moral, sa capacité de tra- vail, sa morphologie, ses aptitudes et s’assurer au passage que l’homme européen se distingue à son avantage de ses homologues des autres con- tinents. Il faut mesurer pour normer, quantifier pour étalonner la