Lecture Analytique - Andromaque Acte I Scène 1
Racine est un dramaturge français classique du XVIIème ayant écrit majoritairement des tragédies (Britannicus, Phèdre, etc…) mais son premier succès est Andromaque, écrit en 1667, et dont est extraite la tirade que nous allons étudier.
Il apparait difficile dans la scène d’exposition de créer une tension dramatique et de préserver le naturel en donnant au spectateur toutes les informations dont il a besoin. Racine y parvient grâce aux retrouvailles émouvantes d’Oreste et de Pylade qui lancent le mécanisme tragique.
L’échange entre les deux personnages nous renseigne à la fois sur les rouages de l’intrigue et la tonalité tragique de la tirade révèlent un personnage en proie à des émotions exacerbées.
La tirade d’Oreste est riche en informations. Le contexte historique et politique est lié à la Guerre de Troie. Aux vers 67 à 72, les Grecs se plaignent de Pyrrhus parce qu’il maintient en vie Astyanax. Officiellement, Oreste arrive en Epire pour persuader Pyrrhus de livrer l’enfant à ses ennemis (v.89 à 92). En réalité, son ambassade est un prétexte pour tenter de reconquérir Hermione dont il est toujours amoureux. Cette dernière aime Pyrrhus qui, peu sensible à ses charmes, « porte ailleurs son cœur et sa couronne ». Selon Pylade, c’est pour Andromaque que ses « feux ont éclaté » (v.108-109). Mais cette dernière n’a que haine et mépris pour son ravisseur et reste sur ses positions malgré l’odieux chantage dont elle est l’objet. On retrouve dans cette tirade et plus largement dans la scène 1 toutes les caractéristiques du registre tragique. D’un part, les personnages sont en proie à des forces funestes (v.45) qui les privent de leur liberté. Le lexique tragique apparait également à travers les termes « ennui », « déplorable », « fureur » ainsi que par l’anaphore de « tu vis » à la ligne 45 et du jeu de symétrie syntaxique au vers 55 tels que « détestant », « rabaissant ». Enfin, l’exclamation et l’interrogation au début de la tirade marquent