Lecture analytique : don juan, la tirade de l'inconstance
(Don Juan, Acte I, scène 2 ; Molière)
I – Situation
Au moment où commence cette longue tirade lyrique, Don Juan vient d’apparaître et de surprendre Sganarelle et Gusman dont la conversation nous a déjà donné une idée de héros. Cette tirade va préciser sa philosophie de l’amour, après que Sganarelle lui ait reproché d’avoir abandonné Elvire. Nous verrons dans un premier temps quelle est la philosophie de Don Juan en amour, puis dans un second temps, qu’il s’agit d’un portrait d’un grand seigneur libertin et brillant.
II – Explication
a) la philosophie de Don Juan en amour
Distinguons tout d’abord les étapes de cette tirade : • ligne 40 à 46 : une critique de la fidélité. • ligne 46 à 60 : un éloge de l’inconstance justifié par le charme que la beauté exerce sur lui. • ligne 61 à 80 : sa stratégie en amour qui s’apparente à la conquête guerrière.
Don Juan se présente comme un homme libre, qui n’admet pas d’obstacle à sa liberté. Donc pour lui, la fidélité est ennemi de l’amour : « la belle chose de vouloir se piquer d’un faux honneur d’être fidèle » (l 43-44). Pour Don Juan la fidélité représente un emprisonnement volontaire, parce qu’un seul choix élimine toutes les autres possibilités : « Quoi ? Tu veux qu’on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu’on renonce au monde pour lui ? » (l 40-41). Et surtout la possession enlève sa force et son attrait au désir : « lorsqu’on en est maître une fois, tout le beau de la passion est fini, et nous nous endormons dans la tranquillité d’un tel amour » (l 68-70). Pour lui, ce sont « les inclinations naissantes » (l 59) qui le ravissent car il ne veut pas de la tiédeur en amour. Il désire désirer, ce qui représente une conduite narcissique hors de temps.
Ainsi l’amour pour durer ne peut être lié qu’à l’inconstance ce qu’il exprime par « tout le plaisir de l’amour est dans le