Lecture analytique, portrait de Nana morte
On sait que l'évocation du corps, lorsque celui-ci n'est pas idéalisée, est une des caractéristiques fondamentales du registre réaliste. Si le thème du corps apparaissait déjà dans les conversations des compagnes de Nana, il s'impose avec force dans les dernières lignes du roman, lorsqu'il s'agit de rendre compte de l'état du cadavre de l'héroïne. Zola n'épargne au lecteur aucun détail réaliste de la décomposition du corps, au moyen d'un vocabulaire de légiste, insistant sur les marques et effets de la maladie et de la décomposition: « humeur et de sang...pustules...bouton...purulence...Le nez suppurait...une croûte rougeâtre...virus », etc. Zola n 'épargne aucun détail, y compris lorsqu'il s'agit d'évoquer l'odeur de décomposition du cadavre: « Le cadavre commençait à empoisonner la chambre. »
Loin d'être idéalisé ou euphémisé, le corps est montré comme une masse, comme de la matière brute, comme une chose « jetée là, sur un coussin. »: « charnier », « pelletée brute », « la boue », « la moisissure ». L'absence de commentaire explicite, la description brute et précise, procédant de façon méthodique (il y a un ordre de la description, qui est organisée: figure>oeil>nez>bouche>cheveux), contribuent à ce réalisme presque médical de l'évocation de la mort.
Au-delà du réalisme
Cependant Zola, par plusieurs aspects, sort de cette objectivité réaliste ou naturaliste. L'écrivain accomplit avant tout un travail d'artiste, inspiré très fortement de Balzac et marqué par la subjectivité. Cette évocation de la mort de Nana a aussi une portée symbolique et politique.
1°) La dimension hyperbolique
Zola a repris de Balzac le style hyperbolique, qui exagère et rend expressive la description de la maladie et de la mort. « Le cadavre commençait à empoisonner la chambre », « un charnier, un tas d'humeur et de sang, une pelletée de chair corrompue jetée là», «la figure entière », « une moisissure de la terre », « cette bouillie informe » , «le