Les 30 glorieuses
(...) Au cours des Trente glorieuses, le débat sur les inégalités a mobilisé les syndicats et les partis politiques de gauche et alimenté la pensée des intellectuels. La prospérité économique, le progrès et le plein emploi semblent devoir assurer une élévation générale du niveau de vie. L'ensemble des salariés sont intégrés dans une série d'institutions légales ou conventionnelles qui garantissent la diffusion des effets de la croissance par des hausses de salaires, mais aussi par une extension et une amélioration du dispositif de protection sociale. C'était ce que certains économistes appellent le "compromis fordiste". Nul, ou presque, n'est laissé pour compte, même si le partage des fruits de la croissance demeure inégalitaire.
Les inégalités - souvent très fortes - sont cependant jugées souvent inacceptables. Les luttes sociales se focalisent donc sur leur réduction, qu'il s'agisse des disparités de revenus ou des inégalités de conditions de vie, de chances ou d'accès à l'enseignement, à la culture... Jusqu'en 1980 environ, ces inégalités s'amenuisent effectivement sur de nombreux points. La pauvreté existe, mais elle n'est pas synonyme d'exclusion. Elle renvoie au Lumpenprolétariat, à la condition ouvrière et aux personnes situées en bas de l'échelle sociale et dont les revenus sont modestes et les conditions de travail et de vie souvent pénibles.
Si les formes extrêmes de pauvreté ne sont pas éradiquées, elles apparaissent RESIDUELLES. C'est essentiellement à travers la question du logement que les situations de pauvreté sont mises en lumière. Durant l'hiver 1953-54, l'abbé Pierre lance ses premières campagnes en faveur des sans-logis. Dès 1955, une politique massive de construction de logements sociaux est mise sur pied, mais les plus pauvres n'auront pas accès aux HLM. En 1957, le Père Joseph Wresinski1 fonde le mouvement