Les anneé 30
À l'abîme: les crises des années 1930.
La crise économique des années 1930 bouleversa tout l'équilibre européen, tant économique que diplomatique. Contrairement à celle de la fin du XIXe siècle comme à celle des années 1970, ce fut une crise importée, née des problèmes internes de la première économie mondiale, l'économie américaine: surproduction agricole, excès de la spéculation, consommation trop étroitement liée à l'état général de l'économie en l'absence de tout système redistributeur de richesse[1]. Qu'elle ait fait tant de ravages en Europe, par le biais de retraits massifs de capitaux américains et de l'effondrement des exportations aux États-Unis, est la preuve que les puissances du vieux monde étaient déjà extrêmement dépendantes du nouveau, bien plus qu'on ne l'imaginait en France notamment. Mais l'égoïsme dont l'Amérique fit preuve contribua à l'aggraver dans le monde entier: il n'y eut aucune concertation internationale, le gouvernement américain renforça la législation protectionniste, et surtout en 1933 le président Roosevelt prit la décision de dévaluer le dollar de 40%, ce qui rendit les produits américains meilleur marché à l'exportation, donc mit en difficulté les industriels européens. Bref, l'Europe en général et la France en particulier subirent la crise sans avoir aucune prise sur les événements.
La crise toucha la France assez tard et de manière progressive, moins fort que les États-Unis et l'Allemagne (moins fort aussi que la crise de 1846-1848), mais plus durablement; il n'y eut pas de rémission au milieu de la décennie comme aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, et en 1938 la production n'avait toujours pas retrouvé le niveau de 1930. Surtout, le marasme économique dégénéra presque immédiatement en une très grave crise politique. Cette crise n'emporta pas le régime comme en Allemagne (il fallut pour cela la défaite militaire de mai-juin 1940), mais elle fragilisa grandement une IIIe République impopulaire