Les Bosses Dans Le Jardin 2
Quand la nuit est tombée, j’aime me promener dans le jardin. Ne croyez pas que je sois riche. Un jardin comme le mien, vous en avez tous. Et plus tard vous comprendrez pourquoi. Dans l’obscurité, mais ce n’est pourtant pas complètement l’obscurité parce qu’une douce réverbération provient des fenêtres allumées de la maison, dans l’obscurité je marche sur la pelouse, mes chaussures enfoncent un peu dans l’herbe, et ce faisant je pense, et tout en pensant je lève les yeux pour regarder si le ciel est serein, s’il y a des étoiles, je les observe en me posant des tas de questions. Pourtant certaines nuits je ne me pose pas de questions, les étoiles sont là-haut, au-dessus de moi, parfaitement stupides et ne me disent rien. J’étais un petit garçon lorsque, au cours de ma promenade nocturne, je butai sur un obstacle. Ne voyant pas ce que c’était, j’allumai une allumette. Sur la surface lisse de la pelouse, il y avait, chose étrange, une protubérance. Peut-être le jardinier aura fait quelque chose, pensai-je, je lui demanderai demain matin. Le lendemain, j’appelai le jardinier, il se nommait Giacomo. Je lui dis : « Qu’est-ce que tu as fait dans le jardin, il y a comme une bosse sur la pelouse, hier soir j’y ai buté et ce matin je l’ai vue comme le jour se levait. C’est une bosse oblongue et étroite, elle ressemble à un tumulus mortuaire. Veux-tu me dire ce que cela signifie ? _ Elle ne ressemble pas seulement à un tumulus mortuaire, monsieur, dit le jardinier Giacomo, c’en est vraiment un. Parce qu’hier, monsieur, un de vos amis est mort. » C’était vrai. Mon meilleur ami Sandro Bartoli était mort en montagne, le crâne fracassé, il avait vingt-et-un ans. « Tu veux dire que mon ami a été enseveli ici ? dis-je à Giacomo. _ Non, répondit-il, votre ami, M. Bartoli — il s’exprimait ainsi parce qu’il était de la vieille génération et pour cette raison encore respectueux — a été enseveli au pied de la montagne que vous savez. Mais ici dans le