Les caprices du
Cette vie silencieuse n’a point été un mystère. Les longues soirées qui furent passés ensemble sont comme de fraîches oasis dans un désert aride ; elles ont versé sur son cœur, les seules gouttes de rosée qui n’y soit jamais tombées. Cœlio était sa bonne partie ; elle était remontée au ciel avec lui. C’était un homme d’un autre temps ; il connaissait les plaisirs et leur préférait la solitude ; il savait combien les illusions sont trompeuses, et il préférait ses illusions à la réalité. Elle eût été heureuse la femme qui l’eût aimé. Alors, Marianne se demanda si elle ne serait point heureuse, la femme qui aimerait Octave.
Mais Octave ne savait point aimer ; Seul Cœlio le savait. La cendre que renferme cette tombe est tout ce qu’aimait Octave, sur la terre, et aimerait. Lui seul savait verser dans une autre âme toutes les sources de bonheur qui reposaient dans la sienne. Lui seul était capable d’un dévouement sans bornes ; lui seul eût consacré sa vie entière à la femme qu’il aimait, aussi facilement qu’il aurait bravé la mort pour elle. Octave se disait que ce n’était qu’un débauché sans cœur, qu’il estimait point les femmes. L’amour qu’il inspirait était comme celui qu’il ressentait : l’ivresse passagère d’un songe. Il ne savait pas les secrets que Cœlio savait. La gaieté d’Octave était comme le masque d’un histrion ; son cœur était plus vieux qu’elle, ses sens blasés n’en voulaient plus.
Octave : « Je ne suis qu’un lâche ; sa mort n’est point vengée ».
Marianne se disait : Comment elle aurait pu être vengée ? À moins qu’il risquerait sa vie. . . Claudio était trop vieux pour accepter un duel, et trop puissant dans cette ville pour rien craindre d’Octave.
Cœlio aurait vengé Octave, s’il était mort pour lui comme il