Les casseurs de pierres
D'après son propre récit, Courbet aurait repéré ces deux hommes au hasard d'une route. Il a voulu les représenter grandeur nature, vêtements déchirés et corps brisés. Pour montrer l'existence physique brute de ces travailleurs, il fallait une technique picturale elle-même laborieuse. Contrairement à une certaine peinture sociale de l'époque, l'oeuvre n'appelle ni psychologie ni pathos. Ces hommes absorbés dans leur tâche ne trouvent ni supplément de spiritualité, ni dignité, ni salut dans le travail. Leurs corps juxtaposés ne semblent pas avoir d'autres liens entre eux que la contrainte du travail.
Et pourtant il y a bel et bien construction. A gauche la signature, grande et rouge, puis les travailleurs qui nous tournent le dos, le visage caché (comme le Marlet de l'Après-dînée à Ornans). A gauche une corbeille en osier et à droite une marmite, une cuiller et une miche de pain. En se détachant sur un fond sombre, les travailleurs occupent le premier plan, proche du spectateur. Leurs corps et leurs outils forment une série d'angles aigus et obtus qui ne donne pas une impression de mouvement mais plutôt d'arrêt, de suspension immobile. Comme beaucoup d'autres tableaux de Gustave Courbet, Les Casseurs de pierre exigent une certaine durée pour être