les contemplations
Si l'on admet qu'un récit peut se définir comme un "texte référentiel à déroulement temporel" (Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage d'Oswald Ducrot et Tzvetan Todorov), on peut dire que la préface des Contemplations présente le recueil comme un récit : "Vingt-cinq années sont dans ces deux volumes", lit-on au début du deuxième paragraphe. "Qu'est-ce que les Contemplations ? C'est ce qu'on pourrait appeler, poursuit l'auteur de la préface, si le mot n'avait quelque prétention, les Mémoires d'une âme ". Le recueil est ici explicitement présenté comme un livre à matière autobiographique - et, en cela, référentiel - retraçant vingt-cinq années de la vie d'un homme qui ressemble à Hugo. La phrase qui constitue le quatrième paragraphe établit à elle seule le pacte autobiographique : "Une destinée est écrite là jour à jour". Venant confirmer, s'il en était besoin, la dimension narrative de l'entreprise, le sixième paragraphe emploie le mot "histoire", tandis que le dernier paragraphe a recours au verbe "raconter" : "c'est une âme qui se raconte dans ces deux volumes". Les Contemplations sont d'ailleurs présentées, non comme un recueil, mais comme un "livre". La construction du recueil dramatise le déroulement temporel qui caractérise le récit : le recueil se divise en effet en deux volumes, dont le premier s'intitule "Autrefois" et le second "Aujourd'hui". Sous ces deux titres s'inscrivent en sous-titres des dates qui délimitent la durée narrative de chacun des deux volumes : le premier va de 1830 à 1843, le second de 1843 à 1856, rejoignant ainsi le temps de l'écriture, puisque Hugo achève et publie Les Contemplations en 1856. La préface est d'ailleurs datée de "Guernesey, mars 1856". Entre "Autrefois" et "Aujourd'hui" prend place le drame de la mort de Léopoldine Hugo, fille du poète, survenue le 4 septembre 1843. Pas tout à fait entre les deux volumes, cependant ; c'est après le deuxième poème d'