Les différents genre romanesques
Le roman d'analyse s'attache à décrire les variations et les contradictions de la passion, et à les lier à des notations morales, à des aperçus sur les constantes et les mécanismes de la psychologie humaine. Bernard de Ventadour, Chrétien de Troyes offriraient les premiers exemples de cette alliance de l'analyse et du récit.
Le XVIIe siècle, avec l'Astrée, les œuvres de Mademoiselle de Scudéry, de La Calprenède, de Gomberville, de Madame de La Fayette, s'attache à de subtiles distinctions sur l'amour, l'ambition, la gloire, la politesse. La réalisation romanesque de l'analyse suppose le raffinement de la langue et des mœurs, le développement de la réflexion morale et l'aptitude à intégrer ces données au récit.
La perfection du roman d'analyse, habituellement reconnue à la Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, est de faire que l'analyse prenne à son compte le jeu de la durée, indissociable du genre romanesque. Le roman d'analyse est ainsi un roman de l'immobilité, pris dans les allers et retours des constats, des aveux, des échecs de l'amour, considéré en lui-même ou rapporté à la règle morale. Les limites du roman d'analyse sont celles de ces constats : le personnage n'est que le support du drame que révèle l'analyse.
La forme du roman par lettres montrerait, dans les Liaisons dangereuses, l'impasse de l'analyse qui ne peut rendre compte de ce que porte obscurément la notation des ambiguïtés de la passion : le sentiment. La forme épistolaire reprend, à travers le septicisme libertin, la rigueur de l'analyse, en même temps qu'elle assure la suggestion de l'affect.
La critique reconnaît cependant une tradition du roman d'analyse, lisible dans Adolphe de Benjamin Constant, dans Armance de Stendhal, dans la Porte étroite de Gide, dans le Bal du comte d'Orgel de Radiguet. Chez Constant et Stendhal, l'analyse correspond à un mélange de sentiment et d'abstraction et à la notation de la solitude et de l'échec du