Les divers aspects du comique dans "le mariage de figaro": convention et innovation.
Si les mises en scène des pièces de théâtre de Marivaux étaient reconnaissables à la sobriété de leurs décors (une pièce unique, le plus souvent, les personnages allant et venant sur scène), et à la rareté des indications scéniques, il en va tout autrement de celles de Beaumarchais qui, dans "Le mariage de Figaro", offre au spectateur cinq décors différents pour autant d'actes.
Outre le fait que cette multiplicité de décors (ainsi que le nombre conséquent de scènes et de personnages) fait du "Mariage de Figaro" une pièce peu classique, elle n'en est pas moins un des aspects du comique utilisés par Beaumarchais.
Nous analyserons tout d'abord dans quelle mesure la mise en scène, dictée par l'auteur, et non par les acteurs, se met au service du comique dans cette pièce, avant d'étudier de plus près un autre aspect du comique: la satire sociale, ou les comportements bourgeois de l'Espagne conventionnelle d'alors.
Le théâtre de Beaumarchais, en particulier dans "Le Mariage de Figaro", est un théâtre de mouvement et d'action. En effet, le plaisir du spectateur réside non seulement dans le discours des personnages, mais aussi dans leurs gestuelles et leurs déplacements sur scène. Ne voit-on pas Suzanne qui court ouvrir à Figaro en chantant (Acte II, scène II), ou encore un autre personnage s'avancer, se retourner, repartir, avant de revenir sur ses pas, le tout en quelques fractions de secondes seulement? La pièce est un véritable spectacle pour les oreilles et pour les yeux.
Bien souvent, ces mouvements, cette action servent de support au comique dit "de situation". Une illustration de cet effet comique, mentionnée à maintes et maintes reprises par les critiques, intervient à la fin des scènes VI d'abord, et VIII ensuite, de l'Acte Premier, lorsque Chérubin, surpris par la visite que le Comte rend à Suzanne, se jette derrière le