Les effarés
Rimbaud est un adolescent révolté qui accumule les fugues. Au cours de l'une d'elle il découvre un Paris misérable qu'Hugo avait décrit dans les " Misérables ", Rimbaud reprend le même thème et nous fait découvrir une scène de la misère des rues de Paris. Le poème en octosyllabes de 12 strophes avec alternance rythmique de vers de quatre pieds nous décrit cinq jeunes enfants de la rue en prise avec le froid et l'injustice de la société.
1 Les enfants de la rue
Ils sont noirs par leur habillement sombre, mais aussi dans leur malchance d'être ainsi abandonnés, sans famille. Le lieu de leur regroupement, un soupirail par lequel s'échappe un peu de chaleur, de vie. Dans le sous sol, un boulanger jovial fait du pain. Les enfants prennent une posture naturelle pour éviter le froid, ils se blottissent les uns contre les autres, en rond autour de cette chaleur. Ils se contentent d'écouter le pain qui cuit car ils savent qu'ils n'y ont pas accès. Face à ces enfants transis de froid et misérables au milieu de la nuit un boulanger chante en confectionnant ses pains. Le pain, lui aussi chante,dans une sorte de bonheur collectif, d'harmonie universelle. Les enfants n'ont pas de chance, ils sont "noirs". Le mot "-misère!-", ici terminé par un point d'exclamation est encadré de deux tirets. Ces tirets qui ponctuent généralement les dialogues, et qui sont très nombreux chez Rimbaud, sont la marque d'une intervention plus personnelle de l'auteur. Rimbaud ajoute un tiret à la fin du mot pour accentuer sa compassion qu'il éprouve devant ces enfants couverts de givre et affamés. Quel que soit le sens dans lequel nous la regardons, à droite ou à gauche, la misère apparaît dans toute son évidence et sa cruauté. Leboulanger, dans une première version sans majuscule, sera modifié avec une majuscule traduisant son importance sociale dans laquelle s'exprime toute la puissance d'un "fort bras blanc qui tourne la pâte et l'enfourne". Il a un "gras sourire" et "chante un