A la musique rimbaud
En 1870, alors que le mouvement poétique parnassien est à son apogée, Arthur Rimbaud, jeune poète de seize ans, imprégné d’auteurs anciens et aimant la poésie contemporaine, écrit dans son recueil de Douai, A la musique. Dans ce poème, composé à la veille de la guerre franco-prussienne, l’auteur s’inspire d’un concert militaire donné à la place de la gare à Charleville, sa ville natale, pour décrire la bourgeoisie de son époque.
Rimbaud décrit un monde étriqué, férocement caricaturé et de sa description satirique, émerge sa personnalité avec une sensualité rebelle et salvatrice. Il serait ainsi intéressant de dégager les principales caractéristiques mises en avant par le narrateur, et les procédés stylistiques qu’il utilise pour donner à la caricature originalité et mordant.
Le poème oppose deux groupes humains : les bourgeois de Charleville et les jeunes. Rimbaud fait une caricature satirique du conformisme bourgeois. Les strophes 1 à 5 mettent en scène des notables : « des bourgeois poussifs ». Le présent est utilisé et coïncide avec l’énonciation : Rimbaud réalise ainsi une série de croquis, rapides, précis et pris sur le vif. Il décrit l’embonpoint des bourgeois : leur corpulence traduit ici leur position dominante dans la société. Ils sont ainsi « poussifs », « gros », « grosses », « bouffis ». Leur description anatomique exprime la grosseur : « bedaines », « rondeurs des reins ». Les allitérations en B (vers 18), en R (vers 17) donnent une idée de lourdeur également. Les deux séries de consonnes donnent un aspect ludique et relèvent de la caricature amusée ; même le tabac de la pipe, trop abondant, déborde (vers 20 avec rejet). Les bourgeois sont lourds et traînent (vers 10), sont sur des bancs (vers13 et 17) : ce sont des assis. De plus, ils sont prisonniers des conventions : la conversation est celle du café du commerce (v.15 et