Les enjeux des jeux olympiques
Dans la philosophie du Comité international olympique (CIO) affichée au fronton de son site Internet, « les Jeux ont toujours permis aux peuples de se rassembler dans la paix, en respectant les principes d’éthique universels. Les Jeux en préparation rassembleront les athlètes du monde entier et contribueront à promouvoir l’esprit olympique. » La brutale répression chinoise, à cinq mois de la XXIXe Olympiade de Pékin, de la révolte commencée le 10 mars 2008 au Tibet n’a pas seulement placé la communauté internationale dans un embarras certain. Elle a surtout rappelé que les Jeux olympiques ne pouvaient s’abstraire durablement de leur environnement politico-diplomatique. Alors que les Jeux de Pékin devaient célébrer « Un monde, un rêve », ils ne firent que rappeler le climat des olympiades d’un temps apparemment révolu, ceux de la Guerre froide. La lecture mémorielle des Jeux, depuis leur origine, a toujours empêché de présenter cet événement dans sa temporalité réelle, celle d’un rendez-vous quadriennal, que sa lente et constante médiatisation a érigé au rang d’« événement international »1. Il est peut-être facile de qualifier de « culture sportive de Guerre froide […] l’amélioration du niveau des performances qui résulte de la course aux médailles et de la spécialisation disciplinaire des nations affrontées […] ou bien encore le perfectionnement et la banalisation du dopage »2. Outre une périodisation aléatoire, puisque ces faits sont avant tout le fruit de la compétition sportive3 de quelque nature qu’elle soit, il est difficile d’admettre la césure chronologique qui autonomiserait les Jeux de cette période des relations internationales4. Au contraire, s’il est juste de séparer les Jeux d’avant 1936 des deux périodes suivantes, dont le pivot se situerait en 1988 avec les Jeux de Séoul, il ne faut pas oublier que « l’olympisme est une grande machinerie silencieuse dont les rouages ne grincent pas et