Les entreprises sociales
Les entreprises sociales
Laurent Gardin propose ici une analyse historique et internationale du concept d’entreprise sociale, et expose les enjeux et les difficultés de sa diffusion en France.
Ce texte a servi d’élément de discussion pour la troisième rencontre des Mardis de l’Institut Polanyi, le mardi 10 mars 2009, de 18h30 à 20h30, en compagnie de Jean-Marc Borello, Jean-Michel Lecuyer, Alix Margado et Jean-Philippe Milesy.
Article publié le 15 mars 2010
Pour citer cet article : Laurent Gardin, « Les entreprises sociales », Revue du MAUSS permanente, 15 mars 2010 [en ligne]. http://www.journaldumauss.net/spip.php?article664
Introduction[1]
Le concept d’entreprise sociale trouve ces racines, au tournant des années 80-90, dans des contextes différents : aux Etats-Unis avec l’apparition des social entrepreneurs et en Italie avec l’essor des coopératives sociales. Sous un même vocable, une certaine polysémie de l’entreprise sociale apparaît dans le paysage hexagonal où elle apparaît toutefois nettement moins présente que d’autres conceptualisations comme celles de « l’économie sociale », « l’économie solidaire », « l’économie sociale et solidaire », voire de « l’entreprise solidaire ». Partant d’une approche internationale, cette note essaie de faire le point sur la place de l’entreprise sociale en France, où elle n’a pas de reconnaissance juridique spécifique, si ce n’est à travers la société coopérative d’intérêt collectif qui représente une forme d’entreprise sociale. L’absence de définition, et par conséquent de reconnaissance juridique de l’entreprise sociale, peut s’expliquer par des raisons historiques remontant au dix-neuvième siècle, liées au mode d’institutionnalisation des organisations économiques et au cloisonnement entre organisations ayant une activité économique et organisations ayant une finalité sociale. Après avoir replacé la question de l’entreprise sociale au niveau historique, il faudra s’intéresser aux recherches