Les européens
"Ils sont unis, ne les divisez pas". Ce slogan unitaire figure sur une affiche éditée au moment où rentrent d'Allemagne STO (1), déportés et prisonniers. Un soldat en uniforme marqué d'un KG (2), un requis en vêtement de travail, y soutiennent un déporté en habit rayé.
On peut trouver le slogan décalé, comme on le fait aussi aujourd'hui de l'unité proclamée des résistants et de la masse des Français derrière eux, oubliant que l'unité fut une des armes essentielles de la Résistance (3). Entre ces trois catégories de victimes existent, il est vrai, des différences marquées. Les prisonniers savent que la privation de liberté, l'humiliation, la promiscuité, la faim qu'ils ont aussi connues, sont sans commune mesure avec les souffrances des déportés. | | | Prisonniers et déportés rapatriés. Source : SGA/DMPA | |
Leur nombre et la longueur de leur exil distinguent le sort des prisonniers. 1 800 000 soldats français ont été capturés dans la débâcle de mai-juin 1940. 1 600 000 ont été emmenés en Allemagne. Ils sont encore près de 1 000 000 à rentrer en 1945 après cinq ans passés en terre ennemie. Les travailleurs forcés se comptent aussi par centaines de milliers. Mais leur séjour en Allemagne, commencé en septembre 1942, est, au pire, de moitié inférieur à celui des prisonniers. Ils sont restés, en outre, concentrés dans les villes et les usines. Les prisonniers ont été disséminés dans tous les secteurs de l'économie et de la société allemandes. |
| Arrivée à la gare de l'Est à Paris. Source : SGA/DMPA | | Cohabitation avec les populations allemandesPendant cinq ans, ils ont compté les jours, les