Les fables de lafontaine
C’est cela l’éducation aussi : armer pour la vie et pas seulement courir les champs en se bandant les yeux sur la méchanceté. « Un homme averti en vaut deux ! » dit-on, je crois. Une fois armé, l’enfant pourra se garer des dangers et vivre pleinement. Et puis, avouez que je tempère ce côté « noir », comme vous dites, par l’agrément d’un récit agréable et par le merveilleux que les enfants aiment tant ! Je suis sûr que, d’ici quelques siècles, ils en feront ce qu’on appellera – j’ai quelque don de divination, comme vous voyez – des « dessins animés » : les gentilles petites souris y joueront des tours au vilain chat sans coeur… Ma fable « Le Chat et le Rat », c’est déjà tout à fait ça ! Le rat y refuse – fort intelligemment – toute alliance avec son ennemi juré, et il fait bien :
« […] penses-tu que j’oublie
Ton naturel ? Aucun traité
Peut-il forcer un Chat à la reconnaissance ? »
Non, non, je vous assure, les enfants adorent et cela les pousse à la prudence ! Je l’ai du reste moi-même écrit au Dauphin, le fils du roi (car, je vous le rappelle, le Roi lui-même m’a confié l’éducation de son fils !
Alors ?…). Oui, je lui disais :
« Vous êtes en un âge où l’amusement et les jeux sont permis aux princes ; mais en même temps vous devez donner quelques-unes de vos pensées à des réflexions sérieuses. Tout cela se rencontre aux Fables que nous devons à Ésope. L’apparence en est puérile, je le confesse ; mais ces puérilités servent d’enveloppe à des vérités importantes. » D’ailleurs, apparemment, vous n’avez pas lu ma fable « Le Bûcheron et Mercure » : j’y explique l’essentiel ; oui, j’y dis que :
« Je tâche de tourner [dans mes fables] le vice en ridicule,
Ne pouvant l’attaquer avec