Les faux monnayeurs
« Il sentait ses jambes se dérobaient sous lui. Il ne contrôlait plus les tremblements de son corps. Sa peau se hérissait comme sous une caresse immonde, et il sentait ses cheveux le tirailler sur sa nuque, comme s'ils voulaient s'en arracher et fuir. Une goutte unique de transpiration lui glissait lentement entre les omoplates. Il sentait la boule que formait dans sa gorge son cri qui refusait de sortir. »
Mais est-ce vraiment de la peur dont il s'agit, ou les effets de la peur sur l'homme ? Connait-on l'essence de la peur ? Non. De cette manière, la peur est impossible à décrire. On peut juste se contenter d'effleurer sa surface, la seule partie d'elle qui nous est accessible.
Bien que cette introduction n'ai aucun rapport avec le présent sujet, je n'ai pas pu trouver de meilleur moyen de l'introduire malgré tout.
Car la description des sentiments qui m'assaillent quand je me balade la nuit sera elle aussi très superficielle. Tout simplement car c'est parfois quelque chose d'indicible, parce que trop intime pour pouvoir le communiquer de manière compréhensible.
Tout commence par une excitation ô combien classique : celle de braver l'interdit. En effet, quel parent accepterait -à juste titre- que sa fille encore adolescente sorte à des heures tardives pour aller marcher seule ? Les heures auxquelles sortent les détraqués et les voyous ne sont pas faites pour les petites filles. Et, il faut croire que pour mes parents, je reste tout aussi vulnérable qu'une petite fille pour ce genre de chose. C'est une sensation vraiment exaltante de descendre sans faire aucun bruit, de se forcer à tout faire lentement alors qu'on brûle de courir