Les femmes et le theatre
LES FEMMES ET LE THEATRE
Monique Surel-Tupin Le rapport entre les femmes et le théâtre constitue une longue histoire d’amour et de rejet. Les femmes ont été exclues de la scène pendant de longues périodes qui correspondent aux formes les plus nobles du théâtre comme le théâtre grec, le théâtre Nô et le théâtre élisabethain. Elles sont ensuite admises comme comédiennes, mais ne prennent pas pour autant la parole en leur nom. Elles se contentent d’être les interprètes d’auteurs puis de metteurs en scène masculins. Certaines comédiennes acceptent difficilement les rôles qu’on leur propose. La Québécoise Pol Pelletier refuse très tôt de jouer les jeunes premières classiques qu’elle juge bêtes et sans intêret. Etre comédienne au service de ce théâtre-là est pour elle humiliant : « C’est amplifier son rôle de femelle, être dans une dépendance totale par rapport à un paquet d’hommes, toujours être obligée de plaire. » Les auteurs sont généralement des hommes. Peu de femmes écrivent pour le théâtre même si l’on peut citer des exemples célèbres comme Olympe de Gouges, George Sand ou Louise Michel. Dans sa majeure partie la création théâtrale reste masculine dans sa conception. Au début du XXème siècle, des militantes féministes comme Nelly Roussel ou Vera Starkoff écrivent et font jouer ce que l’on peut considérer comme les premières pièces féministes françaises. Nelly Roussel, anarchiste et féministe, liée au mouvement néo-malthusien, termine ses conférences par la lecture d’une pièce de sa compostion Par la Révolte , qu’elle fait jouer quand l’occasion se prèsente. On y voit Eve enchaînée à la fois par la société laïque et par l’Eglise , qui ne peut compter que sur sa propre révolte pour se libérer. Dans La Faute d’Eve, Nelly Roussel montre une Eve, ravie d’être chassée du paradis terrestre pour connaître la liberté, réconforter un Adam terrorisé par sa desobéissance. En 1902 et 1904, Vera Starkoff, militante socialiste et féministe , écrit fait