Les fondements de la construction européenne: de l'idée à la coopération
A- L’idée d’Europe unie dans l’entre-deux-guerres (1920-1939)
Le discours européen de l’entre-deux-guerres se structure selon une triple affirmation : l’affirmation de l’unité nécessaire (par la nouvelle dimension de l’économie et l’impératif du progrès technique), celle de l’insécurité potentielle (par le risque d’une nouvelle guerre ou d’une invasion bolchévique), celle de l’hégémonie à sauvegarder (en luttant contre le déclin économique et la crise spirituelle). Vécue sur un plan moral, l’idée d’Europe unie engage à un militantisme mystique ; vécue sur un mode plus pragmatique, elle engage à des initiatives pratiques et à une tentative institutionnelle.
a- Un militantisme mystique
• Le comte Coudenhove-Kalergi :
Le comte Richard Coudenhove-Kalergi, Tchèque naturalisé Français en 1939, est un militant précoce de l’Europe unie ; son idée européenne revêt un caractère d’idéal total. Il publie en 1923 son programmatique, Paneuropa, dans lequel il précise les quatre étapes nécessaires de l’organisation européenne : tenue d’une conférence, conclusion d’un traité d’arbitrage entre les Etats, création d’une union douanière, élaboration d’une constitution. Mais, pour lui, la réussite du projet institutionnel relève d’un entreprise de pédagogie : « Il faut, disait-il, soulever la question européenne dans des discours et des écrits, la présenter à l’opinion publique comme une question vitale pour des millions d’hommes jusqu’à ce que chaque Européen se voit contraint de prendre position ». Le Comte fait ensuite la tournée des capitales européennes pour expliciter son projet, qui aboutit à la tenue du premier Congrès paneuropéen, en octobre 1926 à Vienne, réunissant 2000 délégués représentant 24 pays d’Europe. Coudenhove-Kalergi convie ses partisans à une véritable croisade : « Formés en rangs serrés, les paneuropéens et les anti-européens se livreront une bataille décisive pour le destin de l’Europe ; ils choisiront entre