Les formes protestataires de la participation politique
Repenser la science politique africaniste
L
a montée du nationalisme africain après 1945 et les perspectives de l’indépendance ont suscité l’étude des systèmes politiques africains. La science politique, parfois désignée sous le nom de « gouvernement », est maintenant combinée à l’anthropologie, aux langues, à l’histoire et à la géographie pour former un domaine de spécialisation intellectuelle. La littérature engendrée par ce nouveau champ d’étude a été le reflet de l’environnement de l’après guerre mondiale qui l’a vue naître. En premier lieu, elle s’est essentiellement préoccupée de nationalisme et de bâtir de nouvelles nations dans l’Afrique postcoloniale. Elle a été ensuite marquée par le paradigme de modernisation occidental dominant et la logique de confrontation de la guerre froide (Rostow 1960). Sous la logique dualiste de « transition » de la tradition à la modernité, les sociétés et les économies africaines ont été caractérisées de pré-modernes ; la recherche se souciait alors de trouver les agents sociaux ainsi que les modèles constitutionnels et institutionnels par rapport au pouvoir et à la transition à un État moderne. L’État africain et les élites africaines sont perçus comme des outils essentiels dans ce processus de transformation moderniste. Les études menées par Coleman (1958), Almond et Coleman (1960), Sklar (1963), Organski (1965) et Apter (1967) ont exploré les thèmes du nationalisme et de l’intégration nationale, la « politique de la modernisation » et les « étapes du développement politique » caractéristiques de cette école fondatrice de la science politique africaniste, avec ses préjugés implicites en faveur d’une perception épistémologique et idéologique occidentale du monde. Certains africains comme Claude Ake (1967) et Billy Dudley (1968) ont contribué à ce genre de science politique. Malgré ses œillères idéologiques et ses préjudices liés à la guerre froide, cette école de pensée a