Les fourberies de Scapin, comédie écrite en 1671 par Molière était au départ une pièce peu ambitieuse, divertissante en trois actes, qui faisait suite au lourd travail que Molière avait consacré à Psyché. A la fois dramaturge et comédien, Molière a l’habitude de nourrir ses œuvres de l'hypocrisie religieuse, l'incompétence des médecins, les moeurs des bourgeois, et l'orgueil des précieux. Ici, c’est la singularité du valet Scapin qui l’emporte sur tous les thèmes, lui qui, comme l’étymologie de son nom l’indique, s’échappe de toutes les situations (Scapin vient de ‘scappere’ en italien), par n’importe quel moyen. Les Fourberies de Scapin raconte donc les aventures d’Octave et de Léandre, qui se sont tous deux épris de jeunes filles en l’absence de leurs pères, et qui cherchent auprès de Scapin un moyen d’échapper à la colère paternelle. Dans cet extrait, issu de la scène 3 de l’acte I, Octave implore l’aide de son valet Scapin pour se préparer à l’arrivée de son père Argante. En quoi la mise en scène met-elle en valeur le rôle du personnage de Scapin dans cet extrait ? Nous étudierons d’abord la composition du jeu scénique. Puis, nous verrons comment celle-ci est au service de Scapin, qui apparaît dans la scène comme une figure fondamentale. Cette scène des fourberies de Scapin implique un jeu scénique notable, notamment par les nombreux procédés qui en font une scène comique incontestable. . Le comique de situation fait tout d’abord sa place : la scène s’appuie sur l’inversion des rôles. Scapin devient le maître en enseignant au fils du seigneur Argante l’art de tromper son père. Scapin se montre redoutable dans cet art autant que le fils semble incapable de tenir tête à son père. Scapin redoute surtout qu’« il ne prenne le pied de [le] mener comme un enfant ». .