Les fruits d'or
Dans ce roman, Sarraute décrit scrupuleusement les sentiments de certaines personnes, tiraillées entre le désir d'exprimer un avis contraire à celui de leur communauté, et la crainte d'être frappées d'ostracisme si jamais elles osaient le faire. Les dialogues rapportés sont rares. La description du contexte est quasiment inexistante. Où sommes-nous ? Quand sommes-nous ? Qui sont ces gens ? Autant de questions auxquelles il est très difficile de répondre, et qui m'ont perdues durant les premières pages. C'est l'analyse de sentiments exarcerbés auquel est consacré l'essentiel du roman.
La forme est toute aussi particulière que le fond. Les phrases sont courtes et hachées. Les sentiments sont décrits de manière subjective. Autrement dit, ce sont les personnages qui analysent leur attitude et celles des autres. L'auteur fait un grand usage d'analogies extrêmement parlantes, dont la violence a, au premier abord, de quoi surprendre. Comment peut-on s'exciter autant sur la simple question d'exprimer son avis au sujet d'un livre ? Ces personnages sont-ils tous victime d'une certaine névrose ? On comprend mieux par la suite.
Nathalie Sarraute a fait preuve d'une grand espièglerie en donnant à son livre le titre de celui dont il est question dans son réçit. On imagine l'embarras des critiques littéraires, condamnés à commenter un oeuvre qui décrit leurs travers, omnibulés par l'idée de contredire son auteur en produisant un jugement personnel, tout en mesurant le risque d'être rejetés par leurs semblables
Quatrième de couverture
«Tout le monde est emballé par Les Fruits d'Or, à ce qu'il paraît... J'ai un peu lu le bouquin... Eh bien, je ne sais pas si vous êtes de mon avis... mais moi je trouve ça faible. Je crois que ça