Les grands thèmes dans Ruy Blas
Cette vengeance est le fil conducteur, le moteur de l’intrigue. Celle-ci se développe avec une simplicité, une linéarité et une rigueur implacable. La rancœur initiale de don Salluste résulte d’événements antérieurs au début de la pièce
Durant l’acte I, Salluste cherche quelle pourrait bien être sa vengeance et finit par la trouver : il ne le dit pas explicitement, mais le vers 584 (« De plaire à cette femme et d’être son amant ») montre qu’il appliquera la loi du talion. Durant les actes II et III, le thème de la vengeance disparaît en apparence et revient au premier plan à la scène 5 de l’acte III, avec le rappel, au moment où tout se noue, du second billet écrit par Ruy Blas. Il repasse au second plan à l’acte IV, mais surgit avec le piège tendu à la reine grâce au rendez-vous du premier billet (V,2) et finit par se révéler en plein lumière à la fin de l’acte (la résolution). Cette vengeance se caractérise par son côté pervers, diaboliquement machiavélique. Et ruy
Blas s’en fait à son insu l’instrument : plus il affirme son génie politique et acquiert de pouvoir, plus il est aimé de la reine ; plus l’amour devient manifeste entre eux, plus ils se fragilent face au chantage de don Salluste et plus ils tomberont de haut, plus le scandale sera grand, plus dure sera la chute. L’ensemble fonctionne comme un piège où chaque effort de la victime pour se dégager resserre le nœud coulant qui l’étrangle. C’est donc ce à quoi
Ruy Blas tient le plus, d’une part sa passion pour la reine et d’autre part son idéal politique qui entraîne la catastrophe. Comme dès lors lutter contre une entreprise funeste dont les victimes elles-mêmes, malgré elles, se trouvent être les agents et les complices. La vengeance répond symétriquement aux