Les litteratures franncophone
Bertrand MARQUERTable
2. Dire l’exil - dire l’origineLes différentes îles de l’Océan Indien ont toutes été, à un moment donné, en contact avec la France et le français, qu’il s’agisse des Mascareignes (Maurice, Réunion, Rodrigue), des Seychelles, des Comores, ou de Madagascar. Je ne parlerai que de la Grande Île (Madagascar) et des Îles sœurs (Maurice et la Réunion), parce que seules ces îles ont développé une réelle littérature francophone. La présence du français dans ces trois îles, est bien évidemment liée à la colonisation :par la France, pour Madagascar (de 1895 à 1960) et la Réunion (anciennement Île Bourbon, possession française dès 1638 et devenue un DOM en 1946);par la France puis l’Angleterre pour Maurice : d’abord Île de France, et cédée à l’Angleterre (en même temps que les Seychelles) en 1814. Maurice accèdera à l’indépendance en 1968Ces trois îles présentent une situation de plurilinguisme (Maurice : 17 langues, dont 7 ont un rôle important : français, anglais, créole, chinois, langues indiennes…) dans laquelle le français occupe une place plus ou moins importante, et correspond à des usages différents, si ce n’est un : l’écriture littéraire. On peut bien sûr expliquer ce choix par la colonisation, mais la littérature anglophone est presque inexistante à Maurice. Ou par l’absence de langue précédant la colonisation, comme à la Réunion et Maurice (le français ayant acquis le statut de langue de résistance sous la domination anglaise). Mais Madagascar possède elle aussi une littérature francophone contemporaine, même après la phase de malgachisation ayant suivi l’indépendance. La volonté d’être reconnu, lu, ou simplement publié explique bien évidemment en grande partie le choix d’une expression littéraire francophone. Cependant, au-delà de ces rapports de nécessité et de pouvoir, communs à toutes les anciennes colonies, le choix du français semble reposer sur des