Les Mains Libre Couture 3
COUTURE
DANS LES
MAINS LIBRES (1937)
(3/3) :
MÉTAPHORE DU TEMPS
I. INTRODUCTION
Dans les Mains libres, recueil de dessins de Man Ray, illustrés par des poèmes de Paul Eluard, le fil à coudre, et la couture en général, acquièrent une dimension particulière :
Nous appuierons notre étude sur les couples poème / dessin suivants :
"Fil et aiguille"
"Les Mains libres"
"Le Sablier compte-fils"
"Le Mannequin"
"Solitaire"
"La Couture"
"L'Attente"
Nous avons vu, dans un premier temps, que les motifs adjoints du fil et de la couture pouvaient être un symbole de la féminité. Dans un deuxième temps, nous avions considéré que le fil et la couture étaient aussi une métaphore de la création artistique, ce qui constitue un point de contact évident entre la condition féminine et la condition artistique.
Nous verrons à présent que la couture et le fil est une métaphore temporelle, également, symbole de l'écoulement du temps, ce qui est une métaphore somme toute courante, dans la littérature comme dans le langage commun. Ne dit-on pas, par exemple, "au fil du temps" ?
Dans les Mains libres, le fil est à la fois le symbole du temps de l'enfance, et la métaphore du temps qui s'écoule, de la mort approchant.
II. LE FIL : TEMPS DE L'ENFANCE
Dans un premier temps, nous verrons que le fil représente, dans le recueil, l'enfance.
1. Fil et enfance : une métaphore courante
Le fil, comme métaphore de l'enfance, est une association courante ; mais elle se justifie d'autant plus étant donné la vie de Paul Eluard et de Man Ray.
a. Coudre, raccomoder : stéréotype maternel
Tout d'abord, il faut rappeler que dans les années 1930, alors que les théories féministes n'en sont encore qu'à leur balbutiement en France, il était tout à fait courant, et encore peu contesté, d'associer la figure maternelle aux taches ménagères : ainsi, il n'était pas choquant que la mère soit représentée par des symboles comme la couture, ou le fil à coudre. (NB.