Les moines et les pouvoirs (ix-xi siècle)
De la parole de Saint Benoît de Nursie, initiateur de la règle bénédictine, voici le chemin que doit prendre les moines : « Le monastère doit, autant que possible, être disposé de telle sorte que l'on y trouve tout le nécessaire : de l'eau, un moulin, un jardin et des ateliers pour qu'on puisse pratiquer les divers métiers à l'intérieur de la clôture. De la sorte les moines n'auront pas besoin de se disperser au-dehors, ce qui n'est pas du tout avantageux pour leurs âmes ». Ce principe fait du monachisme une forme de vie communautaire consacrée et réglée en fonction de « l’œuvre de Dieu » (Opus Dei). Les moines, quant à eux, du latin monos, sont des « solitaires », des « célibataires » qui cherchent, en suivant la Grace de Dieu, à s’écarter du monde. Cette forme de vie remontent au IVe siècle et s’est développée, comme les abbayes, d’abord en Orient puis en Occident. Néanmoins, si le monachisme est bien né d’une volonté spirituelle de retrait du monde, il n’est pas en revanche un refus de la société et détient, au contraire, une place et son rôle dans la société du IX et XIe siècle. Les monastères sont à cette époque, en Francie occidentale, des lieux de pouvoir à double titre : d’abord parce que les puissants utilisent les monastères comme des éléments au service de leurs ambitions personnelles ; mais aussi parce que les moines, au moins quelques uns d’entre eux, sont des hommes de pouvoir, reconnus et sollicités. L’histoire du monachisme est donc indissociable de celle de la société et il en va de soi qu’il existe un lien étroit entre les moines et les pouvoirs. Qu’entendons nous par les pouvoirs ? Précisons, dès à présent, que s’ils représentent l’autorité souveraine, roi et empereur, ce terme renvoie aussi à l’aristocratie et à la noblesse tout comme il fait écho à la souveraineté pontificale. Dans notre développement nous ferons la distinction entre le pouvoir temporel, propre aux souverains et aux pouvoirs