les mythes de Thor
On peut difficilement se représenter un type divin qui, plus que Donar-Thor, contraste avec Wodan-Odin. Parmi les trois dieux qui, suivant Tacite, furent adorés chez tous les Germains, c'est le troisième, Hercule, qui paraît le mieux coïncider avec ce que nous savons de Donar. Le dieu germanique fut également un symbole de courage et de force physique.
L'interpretatio romana de Tacite laisse pourtant subsister quelques difficultés. En un autre passage, il raconte qu'Hercule aurait visité la Germanie au cours d'un de ses voyages et qu'avant de partir au combat, les Germains chantaient les louanges de celui qui était le plus glorieux des héros. Certains historiens ont soupçonné derrière l'Hercule de Tacite la présence de deux personnages différents, un héros d'épopée et un dieu ; mais telle hypothèse est superflue. L'Hercule germanique ou Donar accomplissait des exploits qui ne différaient pas beaucoup de ceux par lesquels l'Hercule classique s'était illustré : lui aussi combattait contre géants et monstres. La prétendue visite d'Hercule à la Germanie n'est peut-être qu'un thème emprunté par Tacite à l'épopée classique ; mais il est également possible que les Germains se figuraient que Donar avait séjourné parmi eux. En tout cas, la conclusion que nous pouvons tirer des paroles de Tacite, c'est que sur le continent, les Germains attribuaient à Donar les mêmes exploits que les Nordiques mirent plus tard à l'actif de Thor.
Il est pourtant un argument de poids qui milite contre l'identification d'Hercule et de Donar. Le cinquième jour de la semaine reçut son nom de Donar, mais chez les Romains, le jeudi était le dies Jovis, "jour de Jupiter". L'interpretatio germanica et l'interpretatio romana ne coïncident donc pas ici. On a bien essayé de voir dans cette disparité le résultat d'une lente évolution dans l'identité de Donar : durant la période qui s'écoula entre Tacite (ou son informateur, Pline