Les paysages de l’agriculture en mutation
Julie Ruiz1 et Gérald Domon2
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Étudiante, Ph.D. Aménagement, chaire en paysage et environnement, université de Montréal.
Directeur scientifique associé, chaire en paysage et environnement, et professeur titulaire, école d’architecture de paysage, université de Montréal.
Référence à citer : Ruiz, J. et G. Domon (2005). Les paysages de l’agriculture en mutation. In :
Poullaouec-Gonidec, P., Domon, G. et S. Paquette (Éds.). Paysages en perspective. Presses de l’université de Montréal, série « Paysages », Montréal, pp. 47-97.
Paysages de l’agriculture en mutation
Julie Ruiz et Gérald Domon
INTRODUCTION Moteur de l’expansion de l’écoumène du Québec, l’agriculture a largement contribué à façonner les paysages ruraux. Par ses pratiques, elle aura modelé les formes des territoires, modifié ses contours. Par le défrichement et la mise en culture elle aura ouvert des vues sur le territoire. Mobilisant le sol, elle aura donné aux régions et aux municipalités, une couleur, des rythmes, des odeurs, un caractère et une identité. L’agriculture aura ainsi contribué à construire de multiples paysages ruraux mais aussi parfois à les déconstruire ou à les transformer à un point tel qu’ils sont aujourd’hui loin de l’apparente immuabilité à laquelle renvoie souvent leur image. Les cinquante dernières années ont effectivement été marquées par une transformation profonde des territoires ruraux. L’avènement de l’agriculture productiviste, sans en être le seul facteur, y a joué un grand rôle. Elle aura participé à une profonde accélération des dynamiques territoriales tant à l’échelle provinciale, qu’à celle des régions et des fermes. Elle aura aussi contribué à générer des pratiques et des territoires au sein desquels l’agriculture est fortement remise en cause. Nombreux sont ceux qui doutent aujourd’hui de la capacité des pratiques agricoles contemporaines à produire des paysages de qualité, à maintenir les