« Promenade sentimentale » fait partie des Poèmes saturniens, premier recueil de poèmes publié par Paul Verlaine en 1866. Il s’agit précisément du troisième poème de la partie intitulée « Paysages tristes ». Ce texte précède de huit ans le célèbre « Art poétique » (1874), considéré comme un manifeste symboliste. Il faut souligner, cependant, que même si Verlaine a été rapproché de la poésie du parnasse dans le contexte de la complexité des interactions entre le symbolisme et le romantisme, sa poésie reste difficilement classable. Certes, Verlaine s’inscrit dans la tradition de la poésie descriptive, mais il transforme de façon radicale la représentation du paysage poétique (Bordier, 2005, p.144). Dans la poésie de Verlaine il existe un lien intime entre l'âme et le paysage extérieur. Les clairs de lune et les couchers de soleil, par exemple, plus qu’un valeur pittoresque sont les lieux ou s’expriment sentiments. Autrement dit, chez Verlaine, le paysage devient paysage intérieur. En partant des procédés textuels utilisés dans «Promenade sentimentale», il est possible d’étudier les éléments qui permettent à Verlaine de créer une espèce de fusion entre l'âme et le paysage décrit. Avant de commencer l’analyse de « Promenade sentimentale » il est important de faire quelques remarques par rapport à la thématique du recueil dont le poème fait partie afin d’orienter sa lecture. D’abord, la référence à Saturne dans le titre constitue déjà une indication majeure du ton générale du recueil. Saturne, dans l’Antiquité gréco-romaine, est la planète de la vieillesse ainsi que de la mélancolie. Selon l’astrologie, l’influence de Saturne indique le malheur et la solitude. En effet, tout au long des Poèmes Saturniens, Verlaine décrit des visions mélancoliques et solitaires. Les images de la douleur du poète et de son incapacité de s’adapter au monde sont récurrentes. Il convient de mentionner en plus, que le titre du recueil montre l’influence de Baudelaire, qui dans un vers