Les paysans de flaegay
Au milieu du XIXe siècle, le département du Doubs, où se trouvent Flagey et Ornans, village natal de Courbet, est majoritairement artisanal et paysan. En 1846, ces villages comptent 30 % d’artisans et de boutiquiers, tandis que les travaux des champs occupent 40 % de la population. Le département, où les petits propriétaires sont majoritaires, s’est spécialisé dans une agriculture viticole, pastorale et fromagère. Avec grosso modo les mêmes caractéristiques, le pays d’Ornans est relativement dynamique : plus de dix foires s’y tiennent annuellement. En l’immortalisant dans Les Paysans de Flagey revenant de la foire, Gustave Courbet rend ainsi hommage à la région qui l’a vu naître. Analyse de l'image
Le tableau représente un moment de la vie quotidienne de la paysannerie franc-comtoise : à la nuit tombante, des paysans, hommes et femmes confondus, reviennent de la foire de Salins avec leurs achats. Certains rapportent des victuailles dans leurs paniers, d’autres ont acquis des bêtes à engraisser. Les plus riches sont à cheval, les plus modestes les suivent à pied. La composition de cette toile, d’un style qui rappelle à certains égards l’imagerie populaire, a quelque chose d’artificiel : en marge de cette étrange procession de paysans, l’homme au cochon semble rajouté, collé par-dessus l’ensemble une fois le tableau achevé. Le goût du détail vrai chez Courbet (la pipe de l’homme au cochon, son parapluie, le panier en équilibre sur la tête de la paysanne) témoigne d’un souci de réalisme, mais aussi de la valeur sentimentale que des objets de la vie quotidienne possèdent encore pour un enfant du pays. Interprétation
Les Paysans de Flagey revenant de la foire est envoyé au Salon de 1851 avec L’Enterrement à Ornans et Les Casseurs de pierre. Si ce tableau met le public mal à l’aise, c’est qu’il montre sans chercher à l’embellir une réalité fort banale, voire triviale, et qu’il hisse une scène de genre au rang de peinture d’histoire. Mais ce