Les personnages en mouvement dans le fleuve détourné de rachid mimouni
L'interrogation portée sur l'espace et ses valences dans le roman de Rachid Mimouni, a permis de souligner la désarticulation et la relation étroite qu'entretiennent les différents aspects de cet espace avec le temps ainsi que les personnages qui s'y révèlent attachés à des endroits précis et s'y fendent. Ainsi, temps, espace et personnages, éléments essentiels d’une triade infernale, constituant ce que Bakhtine nomme « chronotopie », sont mouvants, mobiles, presque intenable, marquant fondamentalement la structure narrative donnant à voir un univers en pleine métamorphose. Notre analyse consistera à relever les différents jeux de l'espace à travers le processus d'énonciation, prenant en premier lieu comme référence spatiale que le personnage-énonciateur puisqu'il est seul à construire les différents espaces à travers son énoncé, ce qui rend l'analyse plus délimitée et plus précise. Si l'on se réfère à Henri Mittérand, le récit construit son propre espace et se fonde sur sa localisation pour produire l'illusion du réel; ainsi il offre au lecteur des repères spatiaux se référant toutefois à la réalité pour obtenir son adhésion. C'est ce qu'il appelle la narraticité. En effet, nous ne pouvons omettre de signaler que l'espace est d'abord le produit de l'imaginaire de l'auteur et aussi une élaboration de son langage. Il prend son sens à l'intérieur de la diégèse. Pour le personnage du Fleuve détourné, l'espace est errance. Ce personnage est en quête d'un endroit qui lui procure harmonie et équilibre. Ayant perdu son identité par un coup de hasard (ou un coup de destin?), il essaie de reconstituer sa personnalité par une errance entre espace pluriel construit également à travers une énonciation révélatrice de cette errance. C'est comme reconstituer les morceaux d'un puzzle. Dans cette optique, l'espace n'a de sens que par rapport à sa quête, à sa recherche d'un