Les piliers de la demarche scientifique
Extrait de Créationnismes, croyances, et contour des sciences, Par Guillaume Lecointre
- SPS no 288, octobre 2009
Premier pilier. La démarche scientique ne peut s'initier que sur un scepticisme initial concernant les faits. Nous n'expérimentons sur le monde réel que parce que nous nous posons des questions. Si ce qui est à découvrir est déjà écrit, nous n'avons d'emblée qu'une parodie de science. Ceci se produit chaque fois qu'une force extérieure à la science lui dicte ce qu'elle doit trouver. Il y a trois forces qui s'opposent au travail du scientique. Les forces mercantiles ont besoin d'utiliser le vernis de la science pour vanter la supériorité d'un produit à vendre.
Ce qui est à prouver est commandé d'avance. Les forces idéologiques ont également besoin de plier la science aux nécessités de leurs justications. La génétique de Lyssenko et l'anthropologie nazie fournissent les exemples les plus classiques. Les forces religieuses procèdent de même lorsqu'elles convoquent la science pour venir justier un texte sacré, une intuition mystique ou un dogme, qu'il s'agisse de la théologie de Pierre Teilhard de Chardin ou du créationnisme dit scientique issu du protestantisme anglo-saxon, ou qu'elles se servent d'un texte sacré pour valider la science comme le font les musulmans. Prenons par exemple le scientique qui construit des phylogénies 1. A partir d'un échantillon d'espèces prélevées dans le monde vivant, la question est qui est plus proche de qui d'un troisième ? Comment s'organisent leurs relations d'apparentement ? . Même si nous commençons les investigations avec une palette de possibilités de réponses en tête ; cette palette reste absolument modi-
able et laisse largement place aux surprises. Une bonne partie de notre activité consiste à vérier si ce que l'on trouve nalement ne serait pas un artéfact, une méprise (en multipliant les sources de données, par exemple). Cela est