Les politiques migratoires en Méditerranée Occidentale :
Introduction**
Les migrations s’expliquent par les différences internationales de développement économique. Pour la théorie des migrations internationales, migrer est un choix rationnel des individus dans leur quête d’une situation meilleure en termes d’opportunités d’emploi, de rémunération, et de sécurité. La théorie laisserait donc attendre une circulation intense à la surface de la terre, à la hauteur des inégalités qui la partagent. Pourtant, les migrants internationaux ne représentent que 2,5% de la population du monde. La théorie n’explique ainsi pas les 97,5% restants1 : alors que les différentiels économiques sont si grands, pourquoi si peu de gens migrent-ils, en fin de compte ?
En Méditerranée occidentale, les conditions économiques d’une dynamique migratoire intense sont remplies, avec des écarts de revenu per capita de 1 à 5 : 4300 $ en parité de pouvoir d’achat au sud, contre 22300 $ au nord. Un million sept cent mille expatriés
(Tableaux 1 & 2) et un flux annuel d’environ 90000 immigrés du sud au nord (Tableau 4) sont des chiffres importants, qui expriment bien la réalité des contrastes économiques et des liens transnationaux en Méditerranée. Mais en même temps, ces chiffres sont petits par rapport aux effectifs potentiels concernés : les émigrés ne représentent que 2,2 % de la population du
Maghreb (80 millions), et les flux annuels n’absorbent que 6 % de sa croissance (+1,5 million/an). Les raisons qui limitent les migrations internationales tiennent à tout ce qui attache un individu à son pays, à sa culture, à son univers affectif. Tout Maghrébin n’a pas envie d’aller vivre en Europe. Le contrôle exercé par les États sur le franchissement des frontières est une autre raison qui limite la mobilité. Au moment où la priorité accordée aux lois du marché libère les flux de marchandises, de capitaux et d’informations du