Les politiques monétaires des grandes banques centrales sont-elles similaires ?

« Tout sépare la Fed de la BCE » titrait il y a quelques semaines un chroniqueur économique des Echos, alimentant ainsi la dichotomie traditionnellement opérée entre la réserve fédérale des Etats-Unis et la banque centrale de l’Union européenne, la première ayant la réputation de soutenir son économie, la seconde sa monnaie. En réalité, cette opposition mérite d’être questionnée. Les grandes banques centrales : la Fed, la BCE mais aussi la Banque du Japon, de Chine ou d’Angleterre peuvent toutes être définies comme des « gestionnaires obligatoires du compte des banques commerciales seules en mesure de leur procurer les formes de monnaie qu’elles ne créent pas […], de combler les fuites du circuit bancaire […] et de faire qu’on passe d’un système monétaire fractionné à un système monétaire unifié. » [1] Elles sont aujourd’hui responsables de la politique monétaire des Etats, volet décentralisé de la politique économique visant à influer sur l’évolution de la masse monétaire et les taux d’intérêt et , par ce biais, sur l’inflation, la croissance, l’emploi et le taux de change. C’est en effet en baissant ou haussant leurs taux directeurs que les banques centrales conditionnent la quantité de liquidités sur le marché monétaire, déterminante pour obtenir les fondamentaux sains d’une économie. Etant considérés les écarts notables entre les économies des Etats concernés mais aussi entre leurs valeurs – notamment leurs attitudes contrastées vis-à-vis des inégalités ou de la prise de risque- il semble pertinent de se poser la question de savoir si, réellement, ces différences se traduisent dans les politiques monétaires de leurs banques centrales respectives ou si, au contraire, ces politiques, de plus en plus affranchies de la tutelle des pouvoirs publics, tendent à une convergence ou à une harmonisation, voire à une similitude, reposant sur une base de principes économiques communs.