Les Ponts, Arthur Rimbaud
Les Ponts
Des ciels gris de cristal. Un bizarre dessin de ponts, ceux-ci droits, ceux-là bombés, d'autres descendant ou obliquant en angles sur les premiers, et ces figures se renouvelant dans les autres circuits éclairés du canal, mais tous tellement longs et légers que les rives, chargées de dômes, s'abaissent et s'amoindrissent. Quelques-uns de ces ponts sont encore chargés de masures. D'autres soutiennent des mâts, des signaux, de frêles parapets. Des accords mineurs se croisent et filent, des cordes montent des berges. On distingue une veste rouge, peut-être d'autres costumes et des instruments de musique. Sont-ce des airs populaires, des bouts de concerts seigneuriaux, des restants d'hymnes publics ? L'eau est grise et bleue, large comme un bras de mer. - Un rayon blanc, tombant du haut du ciel, anéantit cette comédie.
Arthur Rimbaud
I. Des caractéristiques traditionnelles de la description A) Les différents types de ponts.
- phrases nominales ancrent le poème dans la description
- balancements « ceux-ci » / « ceux-là » v1 ; « d'autres » / « les premiers » v2
- « tous », « quelques-uns », « d'autres encore » ► diversité des ponts.
- « droits », « bombés », « descendant », « obliquant » ► caractéristiques spécifiques de ces ponts mêlées aux carac. qui les rapprochent : « tous tellement longs » v3.
- description de ce qu'ils soutiennent = diversité. Rythme ternaire croissant v5 : « mâts » à 1 syllabe, « signaux » à 2, puis « frêles parapets » à 5.Ce rythme est souligné par les virgules.
- longues phrases : 2e phrase très longue, montrant ainsi complexité du dessin des ponts.
- on se demande alors : description réelle ou tableau ?
B) Une représentation picturale.
- on retrouve l'idée de « dessin » v1, « angles » v2, « figures » v2. Aussi beaucoup de formes comme « dômes » v3, « droits » v1, « bombés » v2 ou « obliquant » v2.
- dessin industriel : précis, concret. Enchevêtrement des lignes. V4 «