les progrès médicaux
Le mot « progrès » est un mot aussi galvaudé que magique. C’est « le pas collectif du genre humain » selon Victor Hugo, « le paganisme des imbéciles » selon Baudelaire.
Quand ce mot nous vient aux lèvres, l’idée en paraît évidente, alors qu’il n’y a pas de termes plus subjectifs que celui-ci. Nous allons plus vite, nous avons moins froid, nous échangeons à chaque instant sans nous rencontrer, nous guérissons des maladies inguérissables autrefois… Bref, l’humanité est fascinée par son propre spectacle collectif.
Mais nous passons notre temps à juger le présent à l’aune du passé en reconstruisant intellectuellement la période passée, en s’en remettant au développement industriel et commercial croissant selon un temps orienté, continu, pour faire aimer l’avenir et rendre le présent tolérable. C’est cette vision que je vais interroger.
Vesale et Harvey ont sauvé l'honneur de la médecine dans les dix huit premiers siècles de notre ère, en révélant à l'homme l'un son anatomie, l'autre sa circulation sanguine liée à la pompe cardiaque. En leur absence, le regard médical se perdrait dans un paysage apparemment bien pauvre et plat où ne surgissent que des balises religieuses ou païennes, marquées par le triomphe idéologique et obscurantiste. Soudain, en deux cents ans, l’idée germe que les pouvoirs de la science conduisent à l’âge d’or du genre humain, supplantant l’idée même de salut. Le futur devient le refuge de l’espoir. La connaissance des structures cellulaires par le microscope, la biochimie, l'anesthésie, la microbiologie, la virologie, la vaccination, la génétique, l'immunologie, l'imagerie, la