Les romans d'andré malraux: a la recherche du sens perdu
Né avec le siècle, Malraux a atteint l'âge adulte dans la période d'après-guerre où tout ce qui avait paru aller de soi s'en allait à vau-l'eau. Le jeune autodidacte fut l'un des premiers à voir toutes les implications de la proclamation nietzschéenne de la mort de Dieu: si Dieu est mort, alors l'homme--l'homme tel qu'il se connaissait--est mort lui aussi. Comme le dira plus tard un Gabriel Marcel, l'homme est devenu un point d'interrogation pour lui même. Il ne sait plus qui il est, d'où il vient, où il va. Il doit redécouvrir quel sens son existence dans le monde peut bien avoir, lui pour qui la seule certitude est la mort, et une mort apparemment dénuée de sens. Qu'est-ce donc que l'homme? C'est ce point d'interrogation fondamentale qui restera la pierre de touche de tout ce qu'écrira Malraux pas la suite.
Les romans de Malraux explorent, à travers leurs personnages successifs, autant de possibilités qui restent ouvertes à l'homme pour essayer de retrouver un sens à la vie: laisser une cicatrice sur la carte, comme Perken; se battre pour la révolution sans toutefois aimer les pauvres, comme Garine; s'engager dans l'action fraternelle au nom de la dignité humaine, comme Kyo et Katow; organiser l'illusion lyrique comme Manuel.
Dans chaque cas, l'adversaire réel n'est pas politique ou militaire autant qu'existentiel, ce que Malraux nomme le destin: . Cette entreprise est vouée à l'échec, annoncé par le sifflet du