Les setters anglais tricolore
Voilà deux Samouraïs, enlacés dans le sang,
Qui brûlent leurs paupières et tachent leurs peaux
De plaies, tranchant les chairs rompues jusque au noyau,
D’un éclair aiguisé comme un rasoir dormant.
Ils jurent, écoutez-les, en se dévorant,
Des paroles magiques lues sur les caveaux
De barons dévoués aux cultes ancestraux,
Avant que ne tombât, malgré leurs mains, le gant.
Sur le mur du clos, froissé, ne voyez-vous pas
Cette robe de soie qui palpite et qui bat
D’un cœur rompant le souffle aux ossements des yeux?
Or, si vous le vouliez, vous remarqueriez là,
Une femme à genoux, transpirant les grenats
D’un rosaire alourdi par les remous du feu.
Francis Etienne Sicard, Toiles d’étoiles, 1997
Bêtise de la guerre
Ouvrière sans yeux, Pénélope imbécile,
Berceuse du chaos où le néant oscille,
Guerre, ô guerre occupée au choc des escadrons,
Toute pleine du bruit furieux des clairons,
Ô buveuse de sang, qui, farouche, flétrie,
Hideuse, entraîne l’homme en cette ivrognerie,
Nuée où le destin se déforme, où Dieu fuit,
Où flotte une clarté plus noire que la nuit,
Folle immense, de vent et de foudres armée,
A quoi sers-tu, géante, à quoi sers-tu, fumée,
Si tes écroulements reconstruisent le mal,
Si pour le bestial tu chasses l’animal,
Si tu ne sais, dans l’ombre où ton hasard se vautre,
Défaire un empereur que pour en faire un autre ?
Victor Hugo (1872) année terrible
Paris
Où fait-il bon même au cœur de l’orage
Où fait-il clair même au cœur de la nuit
L’air est alcool et le malheur courage
Carreaux cassés l’espoir encore y luit
Et les chansons montent des murs détruits
Jamais éteint renaissant de la braise
Perpétuel brûlot de la patrie
Du Point-du-Jour jusqu’au Père-Lachaise
Ce doux rosier au mois d’août refleuri
Gens de partout c’est le sang de Paris
Rien n’a l’éclat de Paris dans la poudre
Rien n’est si pur que son front d’insurgé
Rien n’est ni fort ni le feu ni la foudre
Que mon Paris défiant les