Les sondages et l'opinion publique
En deux décennies, le nombre de sondages a doublé en France. Chaque année, la presse française en publie plus de 1000. Les sondages sont devenus un élément quotidien de la vie politique pour les Français et pour les dirigeants qui en perçoivent ce qu'on appelle « l'opinion publique ».
" C'est l'histoire d'un ivrogne qui cherche sous un réverbère ses clefs de maison qu'il a perdues à quelque distance de là. Comme on lui demande pourquoi il ne les cherche pas où il les a perdues, il répond 'C'est mieux éclairé ici !' " (Abraham Kaplan)
Cette citation de Kaplan illustre avec force le caractère aléatoire et impalpable de l'opinion publique dont nous allons traiter dans cet exposé. Cette confusion rend le terme d'opinion publique difficile à définir. Selon l'ouvrage de sociologie politique de Philippe Braud, elle serait une représentation socialement construite (par la presse, les sondages...) de ce qu'est censé penser l'ensemble de la population. Dans cet exposé, nous allons nous concentrer essentiellement sur les sondages qui sont considérés, dans la sphère politique et sociale, comme un élément fiable pour représenter l'opinion publique à partir d'un échantillon représentatif d'une population déterminée. Pourtant, les sondages d'opinion ont un statut scientifique ambigu. Cette méthode quantitative a pour objectif de déterminer certaines caractéristiques d'un groupe donné ou de connaître la répartition des opinions au sein d'une population sur une question ou un sujet donné. En outre, les opinions politiques des divers groupes sociaux d'une population devraient être mesurables par le biais des sondages. L'agrégation de l'ensemble de ces opinions politiques forme ainsi l'opinion publique. Selon le sociologue Jacques Lagroye, l'existence d'une opinion publique repose avant tout sur « la croyance en un corps de croyances et d'appréciations sur le politique ». Ce concept est très controversé parmi les sociologues, notamment Pierre