Les Surr Alistes EB
Le Paris de la rive droite cache, près des grands boulevards, tout un réseau de passages. Au XIXe siècle, ces passages abritaient des boutiques de luxe, mais après la guerre de 1914, ils sont délaissés et les boutiques abandonnées. Peu à peu, les galeries se dégradent, les verrières s’assombrissent, la poussière s’accumule. Pour les surréalistes, le charme de ces passages vient justement de cet abandon, de la détérioration de ces rues couvertes, de l’étrangeté des vitrines vides.
Dans son poème Tournesol de 1923, André Breton raconte sa déambulation à travers Paris et sa rencontre avec une "voyageuse" qui, marchant sur la pointe des pieds, traverse les Halles et s’arrête au Chien qui fume, un restaurant de nuit. Or, Breton relate dans L’amour fou, la rencontre d’une autre femme avec laquelle il traverse Paris de nuit, guidé par elle, selon un itinéraire nord-sud, qui est étrangement le même que celui de 1923. Le Tournesol, poème automatique, est un poème prémonitoire, et, en général, les phénomènes de prémonition fourmillent dans le récit des flâneries surréalistes.
La déambulation pédestre (ou parfois en autobus) est, pour les membres du groupe, une véritable activité mentale et poétique