Lettre ouverte. bac de français 2007
A tous les autobiographes d’une pudeur moindre,
Je ne suis qu’un jeune lecteur, sans expérience et sans légitimité mais je suis un lecteur et permettez-moi de vous écrire cette courte lettre. J’ai les yeux pleins d’émerveillement lorsque je vous lis, je retourne en enfance lorsque je vous lis, mais je retourne dans votre intime enfance, trop intime peut être.
Avec vos dires, la profondeur du texte s’arrête là où elle commence. A lire trop de mièvreries, je ne suis plus un lecteur attendri, touché…Le mot mièvrerie est peut être fort, je vous l’accorde et il y a de la profondeur dans vos œuvres. Cependant, j’ai lu d’autres types d’autobiographies, et c’est sans doute cela qui peut me rendre irascible voire intolérant. Je pense à Sartre et Poulou avec son détachement total avec son jeune moi dans « Les Mots.
Le vrai but de l’autobiographie, pour moi, ce n’est pas de tout dire, de tout révéler mais de se révéler.
Car oui, on peut écrire et se révéler en adoptant une écriture sans trop de sentiments exacerbés, avec une écriture blanche comme on l’appelle. Je citerai pour exemple « Une Femme » d’Annie Ernaux. Elle est plus touchante que jamais avec cette autobiographie décalée de sa mère. Annie Ernaux se dévoile avec très peu de détail et s’en sort d’une façon magistrale. Dans ce livre, elle se guérit peu à peu de la mort de sa mère et nous guérit par la même occasion. Je pense aussi à Primo Lévi qui, par pudeur, adopte dans « Si c’est un homme » un ton dégagé. Il s’en excusera d’ailleurs par la suite mais je trouve remarquable son témoignage sur les camps de la mort. Les sentiments ne sont pas absent comme on pourrait le penser, ils sont là, cacher entre les lignes, attendant un lecteur, impatient, ils espèrent des yeux s’arrêtant sur eux et, pourquoi pas, en extase totale, une larme. Une larme qui tomberait sur la page, la marquant à jamais par une tâche noire. Plus besoin de marque page, l’atrocité de l’humanité aura été