Lettre d'ici de jean tardieu
D’ICI s’intitule UNE VOIX SANS PERSONNE et fut mis en scène (en voix off, sans personnages du tout) au théâtre de la Huchette, ce temple du théâtre de « l’absurde » des années cinquante. Cependant, en contradiction apparente avec le titre du recueil et le pessimisme qui marque les productions littéraires de cette époque, la LETTRE D’ICI n’est- elle pas une interrogation lancinante, sur l’importance du poète et sur la résonance et l’importance de sa « voix » parmi les hommes?
> Il convient en une première approche, à travers les mises en scènes ambiguës d’accompagner l’auteur dans son approche de l’absurdité de l’existence. Il est possible, ensuite, d’analyser la tentation du recours à des formes de lyrisme qui auraient pu constituer un expédient pour dépasser cette situation mais qui auraient aussi conduit le poète vers l’isolement, la solitude. Enfin on peut étudier comment, au contraire, se réalisent d’une part la solidarité humaine du poète et d’autre part le surgissement des images, des allégories qui se construisent en véritables objet esthétiques, comme en surimpression de la voix du poète.
(SAUTER UNE LIGNE)
LAISSER UN ESPACE) Le poème est jalonné par une série d’ambiguïtés particulièrement déconcertantes pour le lecteur, comme si l’auteur se plaçait dans toutes sortes de marges pour dire ce qu'habituellement on ne peut ni voir ni nommer, pour nous faire appréhender la dimension « absurde » de notre existence.
Dès le titre du poème l’auteur, en choisissant la lettre plutôt que le dialogue pour s’adresser à ceux auprès de qui il se trouve « ici », instaure « un ailleurs » qui n’est pas géographique mais ressenti et subjectif, poétique et existentiel. Cette "étrangéité" se confirme dans une certaine dualité, alors même qu’il a « un nom » qu’il est « là