Lettre à madame hanska
Dans une de ses lettres, adressée à Madame Hanska et datée du 1er août 1833, Balzac précise que le lendemain, sera rendu le jugement du procès qui l’oppose à son éditeur. Il expose en revanche, les raisons qu’il pourrait avoir d’attaquer les différentes revues - pas moins de « 100 journaux » (l.7), dont « L’Europe littéraire » (l.1) - qui le spolient en publiant en « 20 000 exemplaires » un passage, « un des morceaux capitaux » (l.12) de sa dernière œuvre « Le Médecin de campagne ».
Ces précisions chiffrées font apparaître à la fois la rapidité du succès rencontré, « depuis huit jours » (l.3), mais aussi le manque à gagner, tant économique, « ils me volent […] mon pécule » (l.6) que sur le plan de la reconnaissance littéraire. Il insiste, par la répétition de la conjonction de coordination négative « ni mon nom, ni celui de mon oeuvre » (l.5) sur ce point.
Les lois de la création artistique se heurtent aux lois du marché économique, d’où les termes « spéculateurs » (l.3) et « ils m’assassinent », « me volent » (l.5-6). L’auteur donne ainsi l’impression d’être victime d’un vaste complot, « à moi pauvre » (l.6), d’autant que cette publication s’est faite « sans ma permission » (l.3-4). Cependant, Balzac retourne ces difficultés à son profit. S’il est volé, c’est que ses textes ont quelque valeur, surtout l’extrait publié, « ce gigantesque morceau ». Il poursuit l’hyperbole par un superlatif, « qui fait pleurer les plus insensibles » (l.7) et par une synecdoque emphatique « un cri d’admiration » (l.9). L’exagération est tempérée toutefois par le discours indirect : « des amis m’ont dit que… » (l.8). Cette valeur estimée est exprimée, peut-être avec un brin d’ironie, aussi dans la question rhétorique qui termine l’extrait : « Que sera-ce donc pour l’œuvre? » (l.8). Il affirme en outre sa supériorité morale : « Je