Lettre à ménécée

398 mots 2 pages
Le risque du politique, c'est de se substituer à la morale ou, pire, à la religion, en prétendant transformer l'homme. Le politique pèche là même où il est grand, dans son exigence (irréalisable) de parfaire l'individu. Si les institutions sont en quelque sorte l'occasion privilégiée de la réalisation du mal, c’est que le faire de l'institution prétend rabattre la visée sur l'accomplissement et porter la fin au niveau de la réalisation, méconnaissant ainsi la distance irréductible entre l'oeuvre et la tâche. Il y a certes une espérance et une attente, mais elles ne peuvent être remplies: l'accomplissement, c'est précisément la synthèse falsifiante, la fraude dans l'oeuvre de totalisation. Par exemple, c'est nier l'insondable pouvoir de la liberté que de vouloir -par une politique de la régénération- extirper du coeur de l'homme jusqu'au désir de faire le mal : le mal est le mal de la liberté. Une politique de la vertu, telle la politique jacobine, qui prétend éradiquer le mal en se faisant réformation et oeuvre de salut est condamnée aux errements du politique moralisant. Car l'idée même de régénération porte en elle une équivoque foncière et la possibilité de sa propre perversion: celle qui fait se retourner, fût-ce à son corps défendant, une volonté politique fondée sur une approche moralisante en façonnement démiurgique et en technologie du pouvoir. Certes, la politique n'est pas le mal: elle n'est que l'occasion de la réalisation du mal quand elle prétend se substituer au règne des fins et se faire, à travers une dogmatique de la rédemption, réalisation du bien. Lorsqu'à la politique moderne, et plus particulièrement à la politique révolutionnaire, se trouve impartie la tâche de changer le monde et de changer la vie, lorsque la “sainteté” investit l'oeuvre politique et que la foi messianique se cristallise sur la volonté de régénération, la politique devient l'abcès de fixation de la volonté du bien ou, pour parler en termes kantiens, de la

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