Lettre à un soldat
Je prends ma plume pour t'écrire au crayon. Je t'écris lentement car je sais que tu ne lis pas vite. Depuis que tu es parti, on s'aperçoit que tu n’es plus là. Hier, c'était la fête du village, il y avait une course d'ânes et monsieur le Maire a dit que c'était dommage que tu n'étais pas là, car tu aurais sûrement gagné. Il y avait aussi le marché de cochons, on a beaucoup pensé à toi. Le vétérinaire est venu soigner les bêtes à cornes. Il en a profité pour soigner ton père. A part cela, rien de nouveau, si ce n'est que la vache a eu un veau; le petit va toujours à l'école. . Hier il a avalé 100 sous, le docteur en a retiré 90, il a dit que le reste s’était dissous Quand tu viendras à la maison, tu ne la reconnaîtras pas, on a déménagé. Tu m'as dit que tu faisais de la taule, s'il t'en reste, gardes-en pour couvrir le toit du poulailler. Ton père a un nouveau travail, il a 230 personnes en dessous de lui. Il tond le gazon au nouveau cimetière. Tu le reconnaîtras facilement car sur la porte d'entrée c'est écrit : « Ici ne seront enterrés que les morts vivant dans la commune». Les peupliers bordant la rivière ont été coupés pour en faire du bois de sapin. A propos, ton grand frère se marie avec une femme. Tu dois te souvenir d'elle, c'est elle qui nous a tant fait rire à l'enterrement de ta sœur Je t'envoie aussi deux chemises neuves faites avec les vieilles de ton père. Envoies moie moi tes vieilles que j'en fasse des neuves à ta grande sœur. Si tu as des chaussettes trouées, envoie moi les trous que je les raccommode. Enfin tout va bien sauf que le chat est crevé. J'espère que ma lettre ne te trouvera pas de même. Tu nous dis que tu es très malade, si tu ne vas pas mieux, reviens mourir à la maison, ça nous fera plaisir.
Je vais te laisser non sans te dire que ton père a un énorme furoncle au cul. Sur quoi je t'embrasse très fort.
Ta maman chérie qui pense toujours à toi en trayant les vaches.
P.S : Si tu n'as pas