Écrire, raconter, dire, sont trois formes d’invention qui déterminent et caractérisent les œuvres de Robert Antelme et Primo Levi. Ils réinventent la langue pour faire dire aux vieux mots, plus que ce qu’ils ne disaient jusque là. Écrits en 1947 pour L’espèce humaine et entre décembre 1945 et janvier 1947 pour Si c’est un homme, ces deux récits autobiographiques relatent de l’expérience des deux auteurs en camps nazis. Le contexte politique, historique, sociétal fait des récits concentrationnaires, une nouvelle forme de littérature, définie par l’objet même dont on parle. Ce ne sont pas des récits historiques, des témoignages purs, mais des récits concentrationnaires. Ainsi, dans le prologue de son ouvrage Extermination et littérature, Sem Dresden déclare : « Le titre de ce livre paraîtra sans doute sacrilège à certains, pour lesquels le fait de réunir d’un trait les atrocités de la Seconde Guerre mondiale et les belles lettres est inacceptable. Ils estimeront scandaleux que des souffrances et des persécutions insupportables subies par des millions de victimes (…) soient recouvertes d’un beau vernis littéraire. » Se pose alors