L’identité culturelle
En contestant la suprématie occidentale, les peuples africains ont redécouvert l’enracinement de leur propre civilisation. A cet égard un retour aux sources de la culture nationale semble être le premier pas vers la libération créatrice, mais il cesserait de l’être si, au lieu d’aboutir à une vie culturelle authentique, il n’était que l’effet d’une vision passéiste de la culture. Si les Etats africains parlent de traditions africaines plutôt que de cultures traditionnelles, c’est qu’ils ne peuvent admettre qu’il y ait contradiction entre l’héritage du passé, transmis de génération en génération à, travers une histoire mouvementée, et le développement fondé sur le progrès technologique. Et j’estime qu’à ce niveau la réflexion doit tenir compte du fait que la tradition n’étant pas hors de l’histoire vivante, leur insertion dans les systèmes éducatifs doit dépasser l’expérience des siècles précédents, au besoin de faire éclater le carcan qui les aliène. Il s’agit, en somme, de mettre le vieux cru dans les outres neuves de la modernité comme l’indique le doyen A. Hampaté Bâ.
L’inventaire des traditions comporte des disciplines littéraires, philosophiques, biologiques, mathématiques etc., se traduisant partout dans les fables, les proverbes, la médecine populaire. Il ne faut pas prétendre les trouver sous des formes codifiées parlantes, le caractère parfois ésotérique et empirique, qui les enveloppe, empêchant leur développement systématique. Pour faire la lumière sur ces conceptions traditionnelles il y a le besoin de la connaissance profonde de la tradition orale qui assure la parfaite connaissance du répertoire culturel et explique le monde, l’histoire, l’organisation sociale, les techniques, les relations humaines et les rapports avec les voisins.
Enseignement sur le passé et aussi sur le présent, la symbolique directe enrichit à chaque génération la mémoire sociale qui n’est jamais coupé du monde fabuleux de l’imaginaire.
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